jeudi 16 décembre 2010

Genèse, 1-4 : transcription d’un mythe d’origine en termes juridiques

Aujourd’hui, quand on parle des mythes d’origine, trouvés dans les textes fondamentaux comme la Bible, on ne considère plus que ces textes sont une la simple transcription de récits oraux transmis de temps immémoriaux. Ils sont en réalité des œuvres de poètes lettrés, qui utilisent certes le matériau mythique traditionnel, mais le retravaillent parfois très librement pour répondre à des besoins précis[1]. Néanmoins, ces textes sont une source indispensable pour découvrir les mythes d’origine.

Parallèlement, on doit mentionner l’observation de Lévi-Strauss que «ce que les mythes font pour les sociétés sans écritures, c'est le rôle que notre civilisation prête à l'histoire»[2]. Ce rôle ne se limite pas à la pure connaissance du passé. L’histoire est maintenant un fondement de la politique, un guide et une source de légitimation du pouvoir en même temps.

Malgré les objections théologiques, on accepte que la Bible développe une conception mythique de l'histoire. Les deux remarques précédentes indiquent que le mythe d’origine qu’on trouve dans la Bible - en 3 versions - servit deux liturgies (pas obligatoirement séparées). Certainement, tous les mythes s’évoluent et s’adoptent aux nouveaux besoins. Par exemple, ces récits de création n'avaient pas, dans le judaïsme au tournant de l'ère chrétienne, le caractère normatif qu'ils ont acquis par la suite[3]. La liturgie de chaque mythe explique aussi les différences qu’on observe parmi les mythes pareils de la même société[4]. Au contraire, le rôle de la transmission de l’histoire explique les éléments communs dans la mythologie de plusieurs peuples, qui ne communiquaient pas[5].

On pourrait dire que les mythes d’origine sont en réalité une mémoire collective de notre évolution, qui est décrite selon le langage de chaque peuple et de chaque époque. De cette manière, le mythe d’origine de la Genèse n’est pas statique, mais on peut le considérer comme un mythe d’évolution. L’homme comme les animaux sont construits du matériel, soit l’eau soit la terre. Alors le mythe souligne notre existence matérielle et proche d’animaux. Ce qui fait la différence entre l’homme et les animaux c’est l’esprit[6]. L’être humaine est tout d’abord une couple d’homme et de femme[7]. Selon l’autre version, Adam est crée d’abord et puis Eve. Alors, c’est une confusion ? Le premier récit ne s’intéresse aux relations de sexes, mais plutôt aux relations être l’homme, la nature et Dieu ? Ou sont-ils deux mythes différents qui viennent de différentes époques ? Dans ce dernière cas, le premier mythe est une mémoire d’une époque à la quelle l’organisation qui inscrit l’identité sociale de l’homme au masculin et de la femme au féminin n’était pas tres avance. Il est aussi probable que les deux versions ne sont pas vraiment différentes. La création de l’être humaine (homme et femme) dans la première version fait partie de la création du monde et le mythe décrit la position et les relations entre l’homme et le somme de la nature. La deuxième version réponde plutôt aux questions de relations sociales ; les relations entre les sexes, le comportement vers les règles posées pour organiser la vie commun.

Au début, l’homme était capable de contrôler une partie de la nature, mais incapable d’accéder à une autre partie. Ce sont ses moyens limités ou une force majeure qui interdit cet accède ? En tout cas c’est un droit exogène et imposé, totalement incompréhensible pour le premier homme. A un certain moment de l’évolution, l’homme était prêt de passer cette limite. Jusque ce moment, les deux premières personnes ne s’interrogeaient pas à l’objet de l’interdiction. C’était éloigné et hors leur vie. Quand la question sur la raison de l’interdiction est posée, la désobéissance à la règle exogène ne posait pas de questions morales ou juridiques à Adam et Eve. La violation (ou l’excès ?) de l’interdiction leurs a offert la connaissance, l’évolution. Mais cette évolution a aussi des aspects négatifs, lesquels Adam et Eve ne pouvaient pas imaginer. Autrefois la vie était simple, les relations étaient simples. L’évolution a compliqué leur vie et elle a fait naitre aux nouvelles questions sur le comportement juste. Les travaux sont maintenant séparés pour les hommes et les femmes. Mais surtout, la première règle endogène est née. Les hommes obtiennent une éthique nouvelle pour leurs corps, la quelle était totalement incompréhensible au passé. Cette règle endogène est très forte et ils ne peuvent pas le violer. Ils réalisent maintenant leur individualité et la distance qui les sépare des autres. L’unité de la première société primitive, dont une mémoire pourrait être la relation entre l’homme et Dieu, est déjà rompue. Dès ce moment, une bataille incessante parmi les membres de la société commence et elle caractérise l’évolution sociale. L’homme cueilleur devient agriculteur et puis éleveur. Le nouveau niveau est en contraste avec le précédent, qui veut protéger son place et son pouvoir (Caïn et Abel). Ce conflit a conduit à la guerre pour établir un nouvel équilibre (Seth).

Bref, ce mythe d’origine est écrit en une forme juridique pour garder la mémoire du passé et pour présenter les contrastes pendant l’évolution. Le Droit est divine et parfait, il reflet tous les aspects de la vie et de la nature, il garantie la harmonie. Le temps passe, les circonstances changent (le serpent), et ce Droit ne suffit plus. Un nouveau Droit est né. C’est maintenant le Droit qui puni et qui règle les conflits, qui indique les justes et les injustes. Tous les deux normativités sont des œuvres du Dieu ; leur origine dehors l’humanité leur donne un caractère indubitable et hors l’interférence et l’interaction de l’homme.

Plusieurs phénomènes sont expliqués par la présence et les actions du Dieu. C’est une réponse à l’inconnu et l’inexplicable, mais aussi une consolidation du pouvoir extérieur sur l’homme. Le mythe a une forme juridique ; il y a des règles, des violations, des tribunaux. Les « tribunaux » d’Adam et Eve et de Caïn sont une école pour les contemporaines sur la justice, les règles et les conséquences de la désobéissance. Ces premiers tribunaux reflètent les relations familiales entre Dieu et Homme ou une mémoire des relations sociales des premières communautés ? La justice s’intéresse à celui qui a fait une faille et pose une peine analogue à sa situation, éducative, restauratrice et elle ne détruit pas l’acteur. Le mythe a utilisé les matériaux de la mémoire collective, les souvenirs du genre humaine de son passé, ses expériences, pour fonder une normativité nécessaire pour la période particulière. En fait, un des premiers anthropologues du droit n’était pas Eve, il était l’auteur du mythe.


Ioanna Zarkadoula



[1] Jean-Marie Husser, La genèse et les mythes d’origine, L'enseignement du fait religieux les 5,6 et 7 novembre 2002, URL : http://eduscol.education.fr/cid46348/la-genese-et-les-mythes-d-origine.html

[2] Cl. Lévi-Strauss, « Entretien », Le Nouvel Observateur 817, 5 juillet 1980, cité par Frédéric Monneyron, «Mythes d’origine, fondation nationale et résurgences contemporaines : le cas de l’Italie», paru dans Loxias, Loxias 3, mis en ligne le 15 janvier 2004, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=1447

[3] Jean-Marie Husser, op.cit.

[4] Par exemple à Genèse 1, l’être humaine est crée «homme et femme», mais à Genèse 2, l’homme est crée d’abord et puis la femme de sa coté.

[5] Par exemple les Grecs, les Perses et les Indiens ont de mythes pareils pour le 4 genres des hommes. De plus, les Babyloniens, les Péruviens et les Mexicaines se référent aux 4 périodes.

[6] Il est intéressant qu’à la mythologie grecque Promytheas a donné aux hommes le feu et la sagesse.

[7] Selon Platon au Symposium, l’être humaine était d’abord mixte et il était très fort et arrogant. C’est pourquoi les dieux ont décidé de le couper et créer l’homme et la femme. C’est aussi l’explication selon Platon du désire entre les hommes et les femmes qui veulent se réunir a un corps.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire